C’est à la MFR de Cologne dans le Gers (32) que nous rencontrons Madame Audrey Hostier. Monitrice et référente de la classe de CAPa SAPVER 2ème année, elle répond à nos questions sur son métier, son parcours et son quotidien.

Mme Audrey Hostier MFR Cologne monitrice

Mme Audrey HOSTIER, monitrice et référente à la MFR de Cologne (32), devant l’établissement.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?

Je suis diplômée du master Ville Habitat et Politique d’aménagement. À l’issue de ce master, j’ai travaillé un an dans la vente en bijouterie. Ensuite j’ai rapidement trouvé un poste d’enseignante de français, histoire et géographie dans un établissement privé à Toulouse. En parallèle, j’ai travaillé en tant que surveillante au collège de Mauvezin (32). Une jeune élève de cet établissement qui connaissait parfaitement les MFR a pu m’en parler et m’apprendre qu’il y en avait une près de chez moi. J’ai alors envoyé une candidature spontanée à laquelle j’ai eu un avis favorable et j’en suis très heureuse.

 

Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir monitrice à la MFR ?

D’un point de vue pratique le poste est proche de chez moi. Mais avant ça, il s’avère que ma petite sœur, qui habitait en Haute-Savoie à l’époque, était en décrochage scolaire lorsqu’elle était en classe de 4ème et le chef d’établissement lui avait préconisé de s’inscrire en MFR. Ma sœur a fait un CAP Vente (2 ans). Elle en était ravie, elle en est ressortie complètement métamorphosée.

 

Quelles sont les particularités de l’enseignement en MFR par rapport à d’autres institutions éducatives ?

L‘approche qu’on peut avoir avec les jeunes est complètement différente de celle dans l’enseignement classique. Il s’agit d’une approche différente du jeune. Et personnellement, c’est ce qui me plaît vraiment. Je suis très satisfaite du poste que j’occupe aujourd’hui. Les moniteurs sont vraiment là pour les jeunes notamment grâce à des classes à petits effectifs avec une approche individualisée. On suit les jeunes de A à Z.


À quoi ressemblent vos journées de monitrice MFR ?

Il y a trois fonctions et rôles du moniteur :

  • Formateur
  • Animateur
  • Éducateur

Chaque journée est bien différente. Chaque semaine aussi. Je suis référente d’une classe de 12 apprenants. À leur retour d’alternance, le lundi matin, c’est un temps de réflexion durant lequel les jeunes vont s’exprimer par rapport à leur vécu d’apprentissage. Ils verbalisent sur ce qu’ils ont fait, leurs ressentis, ce qui s’est bien passé ou pas, etc. Nous avons aussi des cours de 2h en classe, avec des séances pratiques et/ou théoriques. Il y a aussi un aspect administratif avec des temps de bureau, pour la correction des copies, la préparation des cours, les conventions de stage, etc. Nous sommes aussi amenés à faire des visites d’alternance, durant lesquelles nous rencontrons les maîtres d’apprentissage. Aussi, nous pouvons recevoir un parent, un éducateur ou un tuteur pour faire le point.

« On est des profs pas comme les autres, comme les jeunes le disent souvent »

 

Comment décririez-vous le profil des élèves en MFR ?

Sans catégoriser ces jeunes, je dirai que la plupart des apprenants que l’on reçoit sont des adolescents qui sont parfois fragiles ou qui ont un manque de confiance et d’estime de soi. Ils sont en pleine construction, dans une période où ils se cherchent. Ils sont pour la plupart en décrochage scolaire ou en difficultés et ne parviennent pas à voir le meilleur d’eux-mêmes. Nous travaillons aussi quelques fois avec des jeunes qui ont été victimes d’harcèlement scolaire et/ou cyber harcèlement. Aussi, nous recevons des jeunes qui souhaitent concrètement exercer un métier en lien avec les formations que nous offrons.

Pour tous ces apprenants en MFR, il y a une progression significative, un travail qui porte ses fruits au fil des années. En tant que moniteur, quand on voit le résultat, c’est magnifique. Voir la réussite, les révélations chez les jeunes, les voir gagner en confiance en tant qu’élève et en tant que personne, c’est très valorisant. Autant pour eux que pour nous.

« De voir des sourires sur leurs visages, c’est pour moi notre plus belle réussite.”

 

En quoi les programmes pédagogiques en MFR sont adaptés à la réalité du monde professionnel ?

Selon moi, aujourd’hui, la balance pèse davantage sur la pratique, sur le côté professionnel plutôt que sur le général. Nous accordons tout de même une réelle importance à la théorie. Notamment en français, mathématiques, histoire, géographie, physique, chimie, etc. Nous revoyons à la hausse le niveau et les attendus. Je trouve que les référentiels sont plutôt bien faits et que nos enseignements sont parfaitement en lien avec ce que les apprentis voient en stage et ce qui est demandé dans les programmes.

 

Pour vous, qu’est-ce qui est le plus gratifiant dans votre métier ?

Ce sont les jeunes. L’aspect relationnel que l’on a avec les jeunes. Ce que j’aime le plus dans mon métier c’est ce réel accompagnement. Le fait de s’investir à 100 % auprès d’un apprenant tout au long de son parcours. Être présent pour l’aider s’il fait face à des difficultés scolaires, lui donner des clés de réussite, prendre du temps pour lui, discuter avec, l’orienter, le diriger. Il y a le temps des veillées du soir aussi que l’on est amené à faire avec des activités durant lesquelles on instaure un autre climat, une autre approche.

“Voir ces jeunes s’épanouir, c’est ce qui me passionne. Les voir s’accomplir, réussir et être valorisés. Pouvoir les mettre en avant et travailler autour de l’estime de soi. […] Je mets tout en œuvre aujourd’hui pour que les jeunes puissent gagner confiance en eux. Et quand je vois que ça marche voilà ça, c’est ma réussite !”

 

À l’inverse, quelles sont les difficultés que vous rencontrez en tant que monitrice MFR ?

Ce qui est extraordinaire dans notre métier c’est la variété dans les tâches. On doit penser à une multitude de choses en une seule journée du fait de nos différentes casquettes. Notre principale difficulté c’est qu’on peut rarement faire ce que l’on a prévu parce qu’on est happé par différentes choses. Tout au long de la journée, aucune journée ne se ressemble et on est toujours occupé. Je dirai que le point faible dans mon métier c’est la charge administrative.

 

Quels conseils donneriez-vous à des personnes qui sont attirées par la carrière de moniteur.trice en MFR ?

Lorsqu’on veut faire de l’enseignement et travailler avec les jeunes, il y a des compétences essentielles à avoir. Je pense qu’un bon enseignant est un bon pédagogue à la base. Aussi, il faut être patient et flexible. Il faut savoir gérer les priorités et être organisé.

Mme Audrey HOSTIER, monitrice et référente à la MFR de Cologne (32), devant l’établissement.

Mme Audrey HOSTIER, monitrice et référente à la MFR de Cologne (32), devant l’établissement.